• Je préfère faire comme si je n'avais rien entendu...  Les premiers tours se faisaient au pas, aucun moyen d’accélérer et cela devenait lassant: Spike était absolument pas motivé et les critiques sur ma position pleuvaient. "Tiens-toi droite!", "Baisses tes talons!", "Tu tires trop sur les rênes!", c'est possible de s'acharner sur quelqu'un comme ça? Trop, c'est trop! Un léger coup de cravache sur l'encolure de mon cheval et maintenant au trot, enfin une toute dernière pression pour partir au galop sur les flancs. Enfin, un pur moment de plaisir! Oui, c'était risqué mais...Cela faisait longtemps que j'avais besoin de vitesse, d'adrénaline, de me sentir libre, ne serait-ce que pour un instant mais très rapidement après ce départ soudain une main d'acier se refermait déjà sur mes rênes avant de pouvoir sauter la barrière: c'était fini et cela était beaucoup trop court. Après quelques secondes d'arrêt je levais les yeux vers le propriétaire de la main, Shane était furieux et Inferno, lui, était particulièrement calme. Enfin, mon moniteur daignait me parler:

    " - Soit tu es folle, soit tu es inconsciente! Si tes parents apprennent ce que tu viens de faire: en gros, vouloir s'échapper pendant un cours au risque de blesser autrui, son cheval et toi, tu risques bien plus que d'arrêter l'équitation. C'est la dernière fois que tu tentes de te rebeller et heureusement pour toi, je ne vais rien leur dire mais la prochaine fois je n'hésiterais pas une seconde. Compris?!

    - Je voulais juste un peu de liberté, cela fait une heure qu'on fait uniquement du pas et du trot et surtout cela fait surtout une heure que vous me gueulez dessus, mince! Oui, je sais, je suis tombée il y a maintenant deux mois mais c'est bon je suis guérie et je ne suis plus une débutante, mon sixième galop se passe quelques mois...

    Ô miracle! Ma voix ne tremblait pas.

    - Et bien justement, si tu veux passer ton prochain galop, aies un peu plus de jugeote. Ce que tu as tenté de faire était inadmissible, cependant je veux bien faire quelque chose pour toi... Enfin plutôt pour ce pauvre équidé qui n'aurait de toute façon pas pu sauter la barrière. Tu pourras me montrer à cette occasion que tu te débrouilles bien avec un autre cheval moins inoffensif que le précédent.

    -Quoi donc?

    - Remets-le dans son box et va chercher Queen, elle sera beaucoup plus utile. Je veux voir comment tu t'y prends avec elle."

    Queen était une très jeune jument noire comme la nuit de six ans, selon le palefrenier il s'agirait d'un anglo-arabe et ses parents sont assez réputés pour les courses de galop. Cependant, elle n'était pas vraiment douce avec les cavaliers qui la montaient et d'ailleurs quasiment personne ne la selle. Mais, je vais tout de même tenter ma chance, montrer à quel point l'équitation représente tout pour moi et venger la mort de Hope, que j'aime toujours et encore, à l'infini...


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  • Samedi matin, l'air restait encore frais, l'odeur des chevaux régnait et le box de Hope était vide, sa plaque et ses équipements n'y étaient plus. J'en voulais à mes parents, je m'en voulais à moi, au monde entier pourtant la rage qui m'habitait avait disparue pour laisser place à un désespoir, pour la première fois j'ai laissé échapper des larmes et chacune d'elles semblaient être un coup de couteau dans ma poitrine. Soudain un doux hennissement se fit entendre dans le box d'à coté, il y a un cheval qui m'était totalement inconnu: un pur-sang anglais, alezan, tout dans sa posture montrait un cheval réactif et nerveux, il avait la tête d'un champion. Un débutant n'aurait aucune chance avec lui, pensais-je, il est bien trop vif et jeune. La sensation d'être observée m'obligeait à pivoter sur mes talons, ce faisant je me suis retrouvée nez à nez un blond aux yeux noirs.

    "- Bonjour, mademoiselle Tanner? Oui, c'est bien vous. Vous avez fait la rencontre d' Inferno, tant mieux... Mais je ne vous laisserais pas le monter, vous n'avez pas encore le niveau. Vous prendrez Spike et je veux qu'il soit prêt dans trente minutes, pas une de plus. A plus tard mademoiselle Tanner!"

    Non mais je rêve! C'est une espèce de tyran de vingt ans qui va me servir de nounou? Il ne m'a même pas laissé en placer une avant de partir et m'a refilé un cheval dont j'admire la "rapidité", dans ce cas il va l'avoir son cheval dans une demi-heure et ma haine aussi! Allez, c'est parti, un coup de brosse par-là, un coup de peigne par ici, la selle, la bride, encore heureux que cette bourrique soit plutôt âgée... Je vais enfin pouvoir lui montrer ce que mademoiselle Tanner peut faire! Et une demi-heure plus tard, me voici dans la carrière en compagnie de Spike, Inferno et d'un homme qui n'en a strictement rien à faire de moi et de mon cours.

    "- Bon on a une leçon de trois heures qui nous attend, je veux voir comment tu te tiens, comment tu t'occupes de ton cheval, ton assiette, on va tout repasser en revue. Ne joue pas à la championne tu n'es encore qu'à ton cinquième galop et j'en suis à mon septième, pour terminer obéis-moi au doigt et à l’œil et appelles-moi Shane. On devrait bien s'entendre...Des questions? Non? Alors montons!"

    J'ai dis "tyran" tout à l'heure? C'était un euphémisme! Il est imbu de lui-même, arrogant, vicieux et égoïste! Et il me prend pour une débutante? Je vais lui montrer de quoi je suis capable pendant ces trois heures, il va regretter de m'avoir réduite au rang d'incapable bien assez vite. Une montagne de muscles d'un mètre quatre-vingt dix ne pourra pas m'empêcher de réussir, il est peut-être fort et beau mais pas assez intelligent...Enfin j'espère...

    " - J'oubliais! Ne mentionnez plus jamais Hope, elle n'existe plus mais ça vous le savez."


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  • Je pourrais galoper avec Hope à travers les champs, le vent fouetterais mon visage, les odeurs boisées et fleuries rempliraient mes poumons, la foulée de mon cheval me transporterait sur un petit nuage de béatitude que j'adorerais. Si seulement, je n'étais pas tombée, si seulement mes parents ne m'avaient pas retiré mon amie, ma seule amie... Je m'appelle Morgane Tanner, j'ai 17 ans, une fille plutôt banale en somme, brune avec des yeux verts et je fait...faisait de l'équitation depuis mes 5 ans. Cette passion s'arrêta brusquement un jour de printemps: je devais monter Hope et juste après le cours, on devait faire une simple balade. Sur le trajet tout allait bien, tout le monde allait au pas, écoutant les bruits de la nature, les chants des insectes, puis notre groupe avait entreprit un petit cross...Et tout s'est passé si vite. L'obstacle n'était plus qu'à quelques mètres de moi, je fonçais droit dessus au petit galop, l'espace d'un instant tout était magique, Hope et moi volions, nous fendions l'air et une bulle de stase, un moment hors du temps s'était créé, les sauts avaient toujours été uniques avec elle! Sauf que l'atterrissage ne s'est pas passé comme prévu: ses sabots avant avait tapés contre quelque chose, elle est donc tombée avec moi sur son dos et le bilan était lourd, elle n'avait pas grand-chose mais la façon dont je suis tombée m'avait occasionné un traumatisme crânien, causant une partielle amnésie et de multiples fractures au niveau des jambes. Je me souviens encore de la sirène des pompiers, de la voix inquiète de mes parents, des examens, les images défilaient en boucle dans ma tête mais la douleur de quelques moi n'était pas comparable à celle qui m'a brisé le cœur au sortir de l'hôpital: la décision était tombée, je ne monterais plus, plus Hope... Aujourd'hui, je n'ai plus d'atèles et surtout ce matin mes parents ont quelques chose à me dire et je crains le pire, je prends une douche, m'habille le plus lentement possible pour retarder le moment fatidique, et arrive enfin dans le bureau de mon père. Mes deux parents étaient plantés derrière le bureau, avec un sourire empli de désespoir, au bout de quelques minutes ,sans un mot, mon père sortit une lettre, que je m’empressais d'ouvrir pour avoir une réponse pendant que mes parents tentaient de m'expliquer qu'ils étaient désolés mais que Hope était devenue incontrôlable. NON! non... C'était trop tard, dix jours avant de retourner à la maison mes parents avaient fait euthanasier ma jument, j'étouffais tant bien que mal les sanglots de rage et de chagrin qui nouaient ma gorge pour entendre la suite. Non contents d'avoir tué mon cheval, mes parents m'ont collé un baby-sitter, qu'ils appellent "un moniteur particulier", rien que pour me surveiller et j'ai même eu droit de remonter à cheval: plus précisément un, celui de mon moniteur. Le reste de la journée n'a été qu'une succession de désastre et le soir, dans mon lit je me suis tout de même mise à imaginer le type de mono qu'il pourrait être: un gentil, petit vieux? Un champion? Jeune? Sévère? Grognon?... Et son cheval? nerveux? doux? trop lent? trop vif, certainement pas! Et soudain, je plongeait dans un profond sommeil.


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